La Thaïlande traverse actuellement une période charnière de son histoire économique. Longtemps considéré comme l’un des « tigres asiatiques », le royaume fait face à des défis structurels et conjoncturels qui mettent à l’épreuve sa résilience économique. La récente révision à la baisse des prévisions de croissance du PIB par la Banque mondiale a suscité des inquiétudes parmi les économistes et les investisseurs quant à la stabilité économique du pays.

Alors que les autres économies de l’ASEAN connaissent des taux de croissance impressionnants, la Thaïlande semble peiner à maintenir son élan. Cette situation soulève des questions importantes sur les facteurs qui freinent la croissance économique thaïlandaise et sur les mesures que le gouvernement peut prendre pour redresser la barre.

Dans cet article, nous examinerons en détail les prévisions économiques actuelles pour la Thaïlande, les causes sous-jacentes du ralentissement économique, les initiatives gouvernementales en cours, et les perspectives d’avenir pour cette économie clé de l’Asie du Sud-Est.

État actuel de l’économie thaïlandaise : un tournant décisif

L’économie thaïlandaise se trouve à un moment critique de son développement. À la fin avril 2025, la Banque mondiale a révisé à la baisse ses prévisions de croissance du PIB pour l’année en cours, passant de 2,9% (estimation de janvier 2025) à seulement 1,6%. Cette révision significative a envoyé des ondes de choc à travers les marchés financiers et a soulevé des préoccupations quant à la stabilité économique du pays.

Les indicateurs macroéconomiques actuels

Pour comprendre la situation économique actuelle de la Thaïlande, il est essentiel d’examiner les principaux indicateurs macroéconomiques :

• Croissance du PIB : prévue à 1,6% pour 2025 (Banque mondiale)
• Taux d’inflation : 1,2% en 2024
• Investissement : 22,5% du PIB, bien inférieur à celui des pays voisins
• Dette des ménages : 90,9% du PIB au quatrième trimestre 2024
• Déficit budgétaire : estimé à 3,2% du PIB

Ces chiffres, bien que préoccupants, ne racontent qu’une partie de l’histoire. La Thaïlande conserve des atouts considérables, notamment un secteur touristique résilient, une position géographique stratégique au cœur de l’ASEAN, et une économie diversifiée. Cependant, les défis structurels qui entravent sa croissance nécessitent une analyse approfondie et des solutions ciblées.

Comparaison avec les économies régionales

En comparaison avec ses voisins de l’ASEAN, la Thaïlande affiche un retard significatif en termes de perspectives de croissance. Cette disparité met en lumière les défis particuliers auxquels le pays est confronté :

• Vietnam : croissance prévue de 6,5% en 2025
• Philippines : 5,8% de croissance attendue
• Indonésie : prévision de 5,1%
• Malaisie : estimation de 4,5%
• Thaïlande : seulement 1,6%

Cette position en queue de peloton parmi les principales économies de l’ASEAN soulève des questions sur la compétitivité de la Thaïlande et sa capacité à maintenir son statut d’acteur économique majeur dans la région.

Les causes profondes du ralentissement économique thaïlandais

La révision à la baisse des prévisions de croissance du PIB par la Banque mondiale n’est pas le fruit du hasard, mais plutôt le résultat d’une convergence de facteurs tant conjoncturels que structurels. Comprendre ces causes est essentiel pour élaborer des stratégies efficaces visant à revitaliser l’économie thaïlandaise.

Diminution de la demande extérieure et défis à l’exportation

Les exportations constituent traditionnellement un pilier de l’économie thaïlandaise. Cependant, le ralentissement économique chez les principaux partenaires commerciaux du pays, notamment la Chine et les États-Unis, a eu un impact négatif significatif sur ce secteur. Selon les données de la Banque de Thaïlande, les exportations de biens pourraient connaître une contraction estimée à 0,5% au premier semestre 2025.

Cette situation est exacerbée par les tensions commerciales persistantes et les incertitudes géopolitiques qui affectent le commerce mondial. La compétitivité des exportations thaïlandaises est également mise à l’épreuve par l’émergence de concurrents régionaux comme le Vietnam, qui bénéficie de coûts de main-d’œuvre plus bas et attire des investissements étrangers considérables dans le secteur manufacturier.

Reprise inégale du secteur touristique

Le tourisme, l’un des moteurs traditionnels de l’économie thaïlandaise, peine à retrouver sa pleine vigueur d’avant la pandémie. Bien que la Banque mondiale anticipe un rétablissement complet d’ici le milieu de 2025, avec environ 40 millions d’arrivées de touristes, des défis liés aux touristes chinois et à d’autres marchés clés persistent.

Les revenus du tourisme, bien qu’en hausse de 15% par rapport à l’année précédente, restent inférieurs de 10% aux niveaux de 2019. Cette reprise plus lente que prévu souligne la nécessité pour la Thaïlande de diversifier son économie et de réduire sa dépendance excessive à l’égard du secteur touristique.

De plus, la concurrence accrue des destinations alternatives dans la région, comme le Vietnam, le Cambodge et les Philippines, érode la part de marché traditionnel de la Thaïlande dans l’industrie touristique régionale.

Faiblesses structurelles et productivité en berne

Au-delà des facteurs conjoncturels, la Thaïlande souffre de problèmes structurels de longue date qui limitent son potentiel de croissance:

• Vieillissement de la population: Le pays connaît l’un des vieillissements démographiques les plus rapides d’Asie, ce qui exerce une pression sur le marché du travail et le système de protection sociale.
• Faible productivité: La productivité du travail n’a progressé que de 1,2% par an au cours de la dernière déc