L’Indonésie et la Thaïlande, deux puissances économiques majeures d’Asie du Sud-Est, se trouvent à un tournant décisif de leur histoire économique en aspirant à rejoindre l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette ambition commune marque non seulement leur volonté de reconnaissance internationale, mais aussi leur engagement envers des réformes économiques profondes et un développement plus durable. Pour ces économies émergentes, l’adhésion à l’OCDE représente un levier stratégique pour accélérer leur transformation économique et sociale, tout en renforçant leur position sur l’échiquier mondial.
Les défis sont nombreux : adoption de normes internationales strictes, modernisation de la gouvernance, réformes structurelles des politiques publiques et renforcement de la coopération internationale. Pourtant, les bénéfices potentiels – attraction d’investissements étrangers, amélioration de la compétitivité, développement de partenariats régionaux solides – justifient amplement ces efforts. Ce processus d’adhésion s’inscrit dans une vision à long terme, où ces deux nations aspirent à rejoindre le cercle des économies avancées, avec des implications profondes pour l’ensemble de la région asiatique.
Examinons les enjeux, les défis et les perspectives qu’offre ce parcours d’adhésion pour ces deux géants économiques d’Asie du Sud-Est, dont les trajectoires parallèles révèlent autant de similitudes que de particularités.
1. Objectifs d’adhésion : une vision partagée
Les motivations de l’Indonésie et de la Thaïlande pour rejoindre l’OCDE s’articulent autour d’ambitions nationales clairement définies. Ces objectifs reflètent une vision stratégique à long terme pour leurs économies respectives, avec l’OCDE comme catalyseur de transformation.
Indonésie : l’ascension vers l’économie avancée
L’Indonésie a fixé un cap ambitieux à l’horizon 2045, date de son centenaire, visant une croissance économique soutenue entre 6% et 7% annuellement. Cette trajectoire devrait propulser son revenu par habitant à près de 29 000 USD, marquant son entrée définitive dans le cercle des économies avancées. Pour la plus grande économie d’Asie du Sud-Est, l’adhésion à l’OCDE représente bien plus qu’une simple reconnaissance internationale.
Le gouvernement indonésien considère ce processus comme un accélérateur de modernisation pour sa gouvernance publique. Les standards de l’OCDE serviraient de cadre référentiel pour restructurer les institutions publiques, améliorer la transparence administrative et promouvoir des réformes anticorruption ambitieuses. Cette transformation institutionnelle est essentielle pour attirer davantage d’investissements étrangers de qualité et stimuler la productivité nationale, deux éléments clés pour soutenir une croissance économique à long terme.
Thaïlande : la quête du statut de pays à revenu élevé
La Thaïlande, quant à elle, poursuit l’objectif d’atteindre le statut de pays à revenu élevé d’ici 2038, visant un revenu national brut par habitant dépassant le seuil critique de 12 696 USD. Cette ambition s’inscrit dans une stratégie plus large de développement économique qui place la modernisation et l’innovation au cœur des priorités nationales. L’adhésion à l’OCDE est perçue comme un instrument de consolidation pour les perspectives économiques de la Thaïlande.
Les autorités thaïlandaises misent particulièrement sur l’amélioration de la compétitivité des entreprises nationales et la modernisation du secteur public. Le pays vise notamment une croissance annuelle de 8% des investissements directs étrangers, considérés comme essentiels pour développer des secteurs à haute valeur ajoutée. L’OCDE représente ainsi un label d’excellence et de conformité aux standards internationaux, particulièrement attractif pour les investisseurs mondiaux recherchant sécurité et prévisibilité réglementaire.
2. Réformes économiques : un parcours semé d’embuches
Pour satisfaire aux exigences d’adhésion à l’OCDE, l’Indonésie et la Thaïlande doivent entreprendre des réformes économiques substantielles. Ces transformations touchent à des aspects fondamentaux de leurs systèmes économiques et réglementaires, nécessitant des efforts soutenus et parfois politiquement sensibles.
Indonésie : simplification et modernisation
Les réformes économiques indonésiennes s’articulent principalement autour de trois axes majeurs : la simplification du système fiscal, la modernisation du cadre réglementaire des investissements et la clarification des droits de propriété foncière. Ces domaines représentent traditionnellement des obstacles significatifs au développement économique du pays.
Concrètement, l’Indonésie s’est fixé des objectifs ambitieux, notamment la réduction du délai de création d’entreprise de 14 à 7 jours et l’abaissement progressif du taux d’imposition des sociétés de 25% à 20%. Ces mesures visent à améliorer significativement le climat des affaires et à stimuler l’entrepreneuriat local comme l’investissement étranger.
Toutefois, ces réformes se heurtent à une résistance bureaucratique considérable. Plus de 80 agences gouvernementales interviennent actuellement dans la réglementation des investissements, créant un environnement complexe et parfois contradictoire. La coordination interministérielle s’avère donc cruciale pour surmonter cette fragmentation administrative et garantir l’efficacité des réformes engagées.
Thaïlande : innovation et compétitivité
La Thaïlande concentre ses efforts réformateurs sur trois domaines stratégiques : le renforcement de la politique de concurrence, l’amélioration de la protection de la propriété intellectuelle et le développement de l’économie numérique. Ces priorités reflètent l’ambition du pays de se positionner comme un hub d’innovation en Asie du Sud-Est.
Le pays doit notamment moderniser sa législation sur les droits d’auteur pour mieux protéger la propriété intellectuelle en ligne et adopter une loi sur la concurrence conforme aux normes internationales. Ces réformes sont essentielles pour créer un environnement favorable à l’innovation et attirer l’essor des investissements en Thaïlande, particulièrement dans les secteurs de haute technologie.
La transformation numérique constitue également un pilier majeur des réformes thaïlandaises. Le pays investit massivement dans l’infrastructure numérique et renforce ses strat