La Thaïlande, économie phare de l’Asie du Sud-Est, traverse actuellement une période de turbulences qui pourrait mener à un gel temporaire des investissements. Cette situation préoccupante, déclenchée par une conjonction de facteurs politiques et économiques, suscite de vives inquiétudes parmi les investisseurs internationaux et les acteurs économiques locaux. Entre les incertitudes politiques persistantes, les menaces commerciales américaines et une conjoncture mondiale peu favorable, comment la Thaïlande se prépare-t-elle à affronter cette tempête économique potentielle ?
Dans cet article, nous proposons une analyse approfondie des causes de ce gel des investissements, des réponses que le gouvernement thaïlandais pourrait mettre en place, et des conséquences à court et long terme pour l’économie du royaume. Plus important encore pour les investisseurs internationaux, nous examinerons les stratégies d’adaptation possibles face à ce climat d’incertitude, tout en mettant en lumière les opportunités qui pourraient émerger de cette crise.
1. Les causes d’un gel des investissements
Le risque de gel des investissements en Thaïlande s’explique par plusieurs facteurs interdépendants qui créent ensemble un climat d’incertitude peu propice aux décisions d’investissement à long terme. Comprendre ces causes est essentiel pour anticiper l’évolution de la situation économique du pays.
Incertitudes politiques persistantes
Malgré une apparente stabilisation politique suite aux élections de 2023, la Thaïlande reste vulnérable aux soubresauts politiques internes. Les manifestations observées en 2024, principalement motivées par des désaccords sur les orientations économiques du pays, témoignent d’une fragilité structurelle du système politique thaïlandais.
La réforme fiscale de 2024, bien qu’ambitieuse dans son objectif de relance économique, a initialement semé le doute quant à ses effets à long terme sur la rentabilité des entreprises. Ce climat d’incertitude politique incite naturellement les investisseurs à la prudence, contribuant au ralentissement des flux de capitaux vers le pays.
Menace des politiques commerciales américaines
L’un des facteurs les plus préoccupants pour l’économie thaïlandaise face aux pièges du FMI et aux tarifs américains est la menace d’imposition de droits de douane de 36% sur les exportations thaïlandaises vers les États-Unis si aucun accord n’est conclu avant juillet 2025.
Selon Narit Therdsteerasukdi, secrétaire général du Conseil d’investissement thaïlandais, cette situation pourrait provoquer un gel temporaire des nouvelles demandes d’investissement étranger tant que la situation tarifaire demeure incertaine. Des entreprises ont déjà commencé à suspendre leurs projets d’expansion dans l’attente d’une résolution de ce conflit commercial.
Conjoncture économique mondiale défavorable
Le contexte économique mondial constitue le troisième pilier de cette crise potentielle. Le Fonds monétaire international (FMI) a procédé à la révision des prévisions de croissance, incitant les investisseurs internationaux à une plus grande prudence vis-à-vis des marchés émergents, dont la Thaïlande fait partie.
Les estimations de croissance du PIB thaïlandais pour 2025 ont été revues à la baisse, oscillant désormais entre 2,0% et 2,2%, contre une prévision initiale plus optimiste de 2,4% à 2,9%. Cette correction reflète une détérioration des perspectives économiques et renforce les réticences des investisseurs potentiels.
2. Les ripostes possibles du gouvernement thaïlandais
Face à la menace d’un gel des investissements, le gouvernement thaïlandais dispose de plusieurs leviers d’action pour tenter d’atténuer les effets négatifs sur l’économie nationale. Ces réponses politiques et économiques seront déterminantes pour l’avenir économique du pays à court et moyen terme.
Relance budgétaire ciblée
L’une des premières options à la disposition du gouvernement est la mise en œuvre d’un plan de relance budgétaire ambitieux, privilégiant notamment les investissements dans les infrastructures et les mesures de soutien direct aux entreprises nationales.
Un programme d’investissement public à hauteur de 500 milliards de bahts (environ 15 milliards de dollars) a été évoqué par le ministère des Finances. Ce programme pourrait efficacement stimuler la demande intérieure et compenser partiellement la baisse des investissements étrangers. Une telle initiative ciblerait prioritairement les secteurs stratégiques comme les infrastructures de transport, l’énergie et le numérique.
Assouplissement de la politique monétaire
La Banque de Thaïlande pourrait également contribuer à la stabilisation de l’économie en procédant à un assouplissement de sa politique monétaire. Une réduction des taux d’intérêt directeurs encouragerait l’emprunt et l’investissement domestique.
Une baisse de 25 points de base des taux directeurs, similaire à celle observée en février 2024, constitue l’une des options envisageables pour stimuler l’activité économique. Cette mesure aurait également pour effet de limiter l’appréciation du baht, soutenant ainsi la compétitivité des exportations thaïlandaises dans un contexte international difficile.
Intensification des négociations commerciales
Sur le front diplomatique et commercial, le gouvernement thaïlandais pourrait intensifier ses efforts de négociation avec les États-Unis pour tenter d’obtenir une réduction ou une exemption des droits de douane menacés.
Bien que des discussions soient déjà en cours entre les représentants des deux pays, leur issue demeure incertaine et nécessitera une approche diplomatique habile. La Thaïlande pourrait notamment mettre en avant ses efforts en matière de protection de la propriété intellectuelle et d’amélioration des conditions de travail, deux sujets de préoccupation pour l’administration américaine.
3. Les conséquences potentielles à court et long terme
Un gel des investissements en Thaïlande aurait des répercussions significatives tant à court qu’à long terme sur l’économie nationale. Comprendre ces impacts potentiels permet d’évaluer l’ampleur des défis auxquels le pays pourrait être confronté.
À court terme
Les effets immédiats d’un gel des investissements seraient particulièrement visibles sur plusieurs indicateurs économiques clés. La croissance du PIB thaïlandais pourrait connaître un ralentissement significatif, avec des prévisions potentiellement revues à la baisse jusqu’à 0