La politique tarifaire américaine représente aujourd’hui une préoccupation majeure pour l’économie thaïlandaise. Alors que les relations commerciales entre les États-Unis et la Thaïlande se trouvent à un point critique, la banque centrale thaïlandaise fait face à des défis sans précédent pour maintenir la stabilité économique du pays. La menace de tarifs douaniers américains allant jusqu’à 36% sur les importations thaïlandaises a créé une incertitude économique généralisée, affectant les prévisions de croissance, les échanges commerciaux et la politique monétaire nationale.
Les analystes économiques s’inquiètent particulièrement des répercussions à long terme que cette situation pourrait engendrer sur différents secteurs de l’économie thaïlandaise, des exportations manufacturières jusqu’aux investissements étrangers. Avec un excédent commercial de 456 milliards de dollars en faveur de la Thaïlande, les États-Unis cherchent à rééquilibrer leur balance commerciale, plaçant ainsi l’économie thaïlandaise dans une position vulnérable.
Cet article analyse en profondeur l’impact des tarifs américains sur l’économie thaïlandaise, les mesures prises par la banque centrale pour atténuer ces effets, et les stratégies que le pays envisage pour naviguer dans cette période d’incertitude économique croissante.
Impact global sur l’économie thaïlandaise
Les tarifs américains ont entraîné une révision significative à la baisse des prévisions de croissance économique de la Thaïlande pour 2025. Initialement, la banque centrale thaïlandaise prévoyait une croissance supérieure à 2,5%, mais face aux menaces tarifaires américaines, ces projections ont été revues à la baisse. Ce ralentissement anticipé témoigne de l’importance cruciale du marché américain pour l’économie thaïlandaise.
Le Fonds Monétaire International (FMI) a également ajusté ses prévisions, réduisant l’estimation de croissance pour la Thaïlande de 2,9% à seulement 1,8% en 2025. Rupa Duttagupta, vice-directrice du département Asie-Pacifique du FMI, a souligné que cette révision est principalement due à l’incertitude accrue dans le commerce international, conséquence directe des politiques commerciales du président américain Donald Trump.
De son côté, le ministère thaïlandais des Finances a également réduit ses attentes de croissance de 3% à 2,1%, tandis que le Comité permanent conjoint des secteurs du commerce, de l’industrie et de la banque (JSCCIB) a abaissé ses prévisions de croissance du PIB pour 2025 de 2,4-2,9% à 2,0-2,2%. Dans un scénario plus sévère où les tarifs atteindraient 36%, l’économie thaïlandaise face aux tarifs américains et aux pièges du FMI pourrait voir sa croissance chuter entre 0,7% et 1,4%, avec des exportations potentiellement en contraction de 2%.
Les exportations, qui constituent un pilier fondamental de l’économie thaïlandaise, sont directement menacées par ces tarifs. En 2024, les États-Unis représentaient le plus grand marché d’exportation de la Thaïlande, absorbant 18,3% des exportations totales du pays, pour une valeur de 549,6 milliards de dollars. Si les tarifs de 36% sont appliqués, les pertes cumulées pour les exportations thaïlandaises pourraient atteindre 1,4 trillion de bahts (environ 43 milliards de dollars) sur les dix prochaines années.
L’incertitude générée par cette situation a également un impact négatif sur l’essor des investissements en Thaïlande. De nombreuses entreprises, particulièrement celles dépendantes du marché américain, adoptent une attitude attentiste, retardant leurs plans d’investissement et leurs décisions stratégiques. Selon des enquêtes de la banque centrale thaïlandaise, ce phénomène est particulièrement marqué dans le secteur des équipements informatiques et électroniques.
Canaux d’impact spécifiques
Impact direct
L’effet le plus immédiat des tarifs américains se manifeste par une augmentation directe des coûts pour les produits thaïlandais exportés vers les États-Unis. Cette hausse de prix réduit la compétitivité des produits thaïlandais sur le marché américain, entraînant potentiellement une baisse de la demande. Les secteurs les plus exposés incluent l’électronique (ordinateurs, téléphones mobiles, panneaux solaires), l’automobile et ses composants, ainsi que les textiles.
Impact indirect
Au-delà des effets directs, les tarifs américains provoquent également des répercussions indirectes sur l’économie thaïlandaise. Lorsque d’autres pays sont touchés par ces mêmes tarifs, leur capacité à importer des produits thaïlandais diminue, créant ainsi un effet domino sur les exportations thaïlandaises vers ces marchés secondaires. Cette contraction des échanges commerciaux à l’échelle mondiale affecte les chaînes d’approvisionnement internationales dont la Thaïlande fait partie intégrante.
Impact de l’incertitude
L’incertitude générée par les politiques commerciales américaines constitue un frein majeur pour l’économie thaïlandaise. Face à l’impossibilité de prévoir l’évolution et l’ampleur des mesures protectionnistes, les entreprises reportent leurs décisions d’investissement et d’expansion. Cette paralysie décisionnelle affecte non seulement les exportateurs directs, mais également leurs fournisseurs et l’ensemble de l’écosystème économique thaïlandais, réduisant la confiance des consommateurs et des investisseurs.
Impact sur les marchés financiers
Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Thaïlande engendrent également des turbulences sur les marchés financiers. La volatilité des cours des actions des entreprises exportatrices thaïlandaises s’accroît, tandis que les investisseurs étrangers peuvent être tentés de retirer leurs capitaux face à des perspectives économiques incertaines. Ces mouvements financiers affectent la stabilité des marchés thaïlandais et peuvent conduire à un resserrement des conditions de crédit.
Intensification de la concurrence
Un effet secondaire mais significatif des tarifs américains est l’intensification de la concurrence sur le marché intérieur thaïlandais. Les producteurs étrangers, ne pouvant plus exporter facilement vers les États-Unis, réorientent leurs produits vers d’autres marchés, dont celui de la Thaïlande. Cette augmentation de l’offre sur le marché local exerce une pression supp